« Vous avez été tiré au sort (...), gagnez le chèque n° X, app. le 08 99 XX XX »
Tel est l'un des nombreux messages « piégés » qui
circulent actuellement sur les réseaux de téléphonie mobile. Le spam
par SMS, cela ne date pas d'hier et le phénomène a logiquement tendance
à s'amplifier. Mais derrière ces SMS non sollicités se cachent parfois
de véritables arnaques, auxquelles beaucoup d'abonnés ne sont pas
préparés.
Qu'il propose de récupérer une somme d'argent ou
de découvrir le nom d'un(e) admirateur(trice) inconnu(e), ce type de
message invite toujours à rappeler ou à renvoyer un SMS vers un numéro
surtaxé. Par exemple à 0,34 €/min pour un 08 92 et bien plus pour un
08 99, dont le coût est variable. Ce « détail » est évidemment rarement
précisé dans ce genre de SMS, alors qu'il s'agit d'une obligation
légale pour tout service téléphonique payant.
Le pouvoir de dire « STOP »
Le danger du spam par SMS est bien là :
contrairement au spam par e-mail, la moindre réponse de l'abonné est
immédiatement facturée
. « Nous avons eu le cas d'un abonné qui a échangé une dizaine de SMS avec un
serveur automatique, sans le savoir, pour décliner poliment une inscription à un service de rencontre »,
illustre Jérôme Clauzure, délégué général de l'Afutt, l'Association française des utilisateurs de
télécommunications.
Pour l'Afutt, qui s'apprête à publier son bilan
2007, le nombre de plaintes liées à des factures mobiles anormalement
élevées a connu cette année une forte augmentation (+98 %). Ces
surfacturations auraient surtout pour origine le spam par SMS, que ce
soit pour le compte de services légaux ou illégaux...
« S'il s'agit d'un service légal, il suffit théoriquement de répondre "STOP" par SMS pour ne plus être
importuné »,
précise Jérôme Clauzure. Dans ce cas, l'abonné n'est pas facturé pour l'expédition du message.
Mais si cela reste sans effet ou s'il s'agit d'un
service purement illégal (comme dans notre exemple), il est possible
d'alerter les opérateurs mobiles en leur transmettant les messages et
les numéros d'envoi.
« Nous avons une adresse réservée au signalement de spam, par SMS ou par e-mail : abuse@orange.fr »,
précise-t-on chez Orange.
Les opérateurs peuvent intervenir auprès des
éditeurs de services « légaux » un peu trop indélicats, qui après tout
sont leurs partenaires commerciaux, mais aucune procédure n'est
vraiment fixée.
« Nous leur avons demandé de mettre à disposition sur leurs sites des formulaires de signalement
[exemple
chez SFR, NDLR].
Nous demandons également la création d'un groupe de travail sur la réglementation des SMS et les procédures
associées »,
souligne le délégué général de l'Afutt.
Des numéros composés aléatoirement
S'agissant des SMS illicites, les opérateurs
conseillent aux consommateurs de se diriger vers les autorités
compétentes : DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la
consommation et de la répression des fraudes), associations de
consommateurs, Cnil, procureur de la République, etc. Les opérateurs
mobiles, eux, auraient les mains liées :
« C'est du spam automatique, émis par des serveurs basés à l'étranger. Il faut des procédures
judiciaires complexes pour les stopper »,
indique Orange.
Selon l'opérateur, qui exclut bien sûr tout
piratage de ses bases d'abonnés, ces serveurs composeraient au hasard
des numéros de téléphone mobile pour envoyer leurs SMS. Selon l'Afutt,
de nombreux numéros saisis par les abonnés eux-même sur des forums ou
des blogs seraient aussi récupérés sur Internet.
De son côté, la DGCCRF ne reçoit pas beaucoup de plaintes concernant le spam par SMS :
« Mais la plupart des gens effacent directement le message et ne nous alertent pas ».
La
Répression des fraudes se dit néanmoins
« très, très vigilante »
à ce sujet. Une manière de dire que des enquêtes seraient probablement en cours.
Julie de Melson, 01net.